MONNAIES X
Les défauts spécifiques aux états exceptionnels

La logique des monnaies exceptionnelles est que le Défaut, avec un D majuscule, n'est pas permis. De la même manière que l'usure visible fait rejeter l'exemplaire vers les pièces " grand public ", il existe toute une série de défauts qui assassinent littéralement la valeur d'une pièce apparemment exceptionnelle. Une monnaie présentant l'un de ces défaut redevient une monnaie normale et cesse d'être une monnaie exceptionnelle.

Il faut se garder de payer ces monnaies plus cher qu'un exemplaire banal car le jour de la revente..... il risque d'y avoir de très mauvaises surprises.

Ce problème se pose avec acuité en France car, depuis vingt ans, les monnaies françaises exceptionnelles partent aux Etats-Unis : les collectionneurs américains recherchent avec méthode et professionnalisme tout ce qui est exceptionnel en qualité et/ou en rareté (si possible, les deux !) y compris en monnaies étrangères. Il y a une cote d'amour toute particulière pour les monnaies françaises aux Etats-Unis depuis La Fayette, avec toute une histoire commune et les liens qui unissent les deux pays. Restent donc bien entendu en France celles qui présentent des défauts et qui ont donc été vendues à des collectionneurs français non informés... Donc, attention, ouvrez l'œil et le bon !

ASTIQUAGE : les pièces exceptionnelles n'ont jamais circulé, bien entendu, et ce, très souvent car elles ont été mises de coté en médaillier dès leur sortie de frappe. Avec le temps, une monnaie se patine et il arrive malheureusement que l'un des propriétaires successifs retire la patine. Ce faisant, il frotte la pièce, détruisant au moins le velours et donnant à sa monnaie un reflet " astiqué ", parfaitement mortel pour la revente. Très souvent l'astiquage se retrouve, vingt ou cinquante ans après, de nouveau camouflé sous une patine mais il est toujours présent et visible. L'astiquage ne disparaît jamais : c'est une modification physique de la structure moléculaire de surface et des monnaies antiques montées en bijou ont toujours leur "astiqué" d'origine…
Pour vous habituer à repérer les pièces astiquées, prenez deux pièces de cinq francs Semeuse avec suffisamment de surface d'origine et frottez-en une très doucement avec l'une de ces peaux de chamois remplies de produits chimiques pour " nettoyer l'argenterie ". Comparez vos deux pièces. Continuez de frotter doucement. Comparez les deux pièces. Vous verrez apparaître l'aspect d'une monnaie astiquée, aspect qui ira en s'accentuant à chaque passage du chiffon ; gardez-le dans l'œil et, quand vous le verrez sur une monnaie proposée à la vente, achetez donc autre chose… sauf si c'est signalé et le prix écrasé " rouleau compresseur " en conséquence.

POLISSAGE : la même chose en pire, déjà considéré comme un vice rédhibitoire en France depuis des années par tous les numismates sérieux. Pour voir une monnaie polie, reprenez votre 5 francs semeuse qui est déjà morte et passez-là au Mirror en frottant comme si un génie devait en sortir. Le résultat est le plus souvent bon à fondre.

LES " TRACES DE CHEVEUX " : On constate souvent la présence, dans le velours ou dans le brillant de frappe, de minuscules et nombreuses lignes parallèles, traces d'un coup de brosse légère ou, plus fréquemment pour les monnaies trouvées en dépôts souterrains, trace d'un frottement avec de la terre ou du sable lors d'un nettoyage barbare à la récupération.
Bien souvent, dans les dépôts familiaux, ceux qui enterrent de l'argent ou de l'or ne réfléchissent pas. Pourquoi les monnaies sont-elles en or ou en argent ? Pas seulement à cause de la valeur intrinsèque du métal mais aussi et surtout parce que ces métaux ne s'oxydent pas d'une manière autodestructrice.
L'exemple des Spartiates, réputés pour leur austérité et leur vie communautaire, est parlant : ils avaient adopté des pièces de monnaies en fer afin que nul ne puisse en enterrer pour se constituer des réserves, spoliant ainsi la communauté. Malheureusement, on voit donc souvent des gens avoir enterré pièces d'or ou pièces d'argent dans des boites... en fer. Résultat, vingt ou trente ans après lorsque le fils ou le petit-fils récupèrent le dépôt : l'or et l'argent sont couverts de rouille qui s'est déposée avec l'humidité ou l'eau, le tout parmi les débris de la boîte complètement désagrégée. Réflexe habituel - au lieu de rendre visite à un professionnel qui sait, lui, retirer de la rouille sans dégâts - on donne un grand coup de brosse qui détruit complètement en une seconde la surface d'une monnaie qui avait passé des décennies bien tranquille... Dans les mêmes circonstances, même sans rouille, la terre ou sable se sont très souvent introduits entre les pièces, et, au premier frottement pour retirer le sable : traces de cheveux...
Pour vérifier leur absence, si vous ne les voyez pas immédiatement, faire tourner la pièce sous la lumière afin que celle-ci se réfléchisse sur toute la surface successivement, en regardant à la loupe.
Pour vous habituer à les repérer, autant en fabriquer…. Pour de belles " traces de cheveux ", il vous faut une monnaie avec un flan très brillant ou avec du velours de frappe. Comme il ne faudrait pas massacrer, même pour la Science, une monnaie portant du velours, l'expérience peut être réalisée sur une cinquante francs Hercule avec un joli flan brillant comme on les trouve souvent.
Prenez une pincée de sel de cuisine. Mettez-en sur vos doigts à sec. Passez le doigt salé sur la monnaie. Rincez, égouttez, séchez (on sèche en appuyant un papier buvard ou assimilé à plat - jamais de mouvements latéraux !) Regardez en faisant jouer dans la lumière l'endroit où votre doigt est passé : si vous avez bien appuyé, la monnaie est cuite pour la participation aux états de conservation exceptionnels !
Ne pas confondre avec les stries de polissage du coin, parfaitement normales avant les productions modernes industrialisées et que l'on remarque à la loupe x10 dans les champs principalement des monnaies d'or et d'argent. La confusion n'est pas possible : les lignes de polissage du coin passent SOUS les reliefs et sont habituellement sur l'axe vertical, couvrent tout le champ et sont le plus souvent parfaitement régulières et parallèles. Les traces de cheveux ne présentent aucun ordre et se retrouvent SUR les reliefs comme dans les champs.

BROSSAGE
Les coups de brosse dure, genre laiton, données par des malades " qui veulent que ça brille ". En tous cas, ce que vaut la monnaie après ce traitement n'est pas brillant.

COUPS
Bien entendu, un coup ou choc trop violent, même sur une monnaie par ailleurs parfaite est rédhibitoire. Il s'agit simplement de la montée des exigences des collectionneurs : une pièce avec un coup important sur les plats n'est plus collectionnable comme " monnaie exceptionnelle " mais ira très bien pour un petit collectionneur qui sera très heureux d'avoir une très jolie monnaie pour une somme toute réduite - et essaiera de ne pas trop voir le gros coup.

RAYURES
Même phénomène avec les rayures : dès que l'on dépasse la petite rayure, la pièce est éjectée des " hautes qualités " quel que soit son état par ailleurs.

COUPS SUR LA TRANCHE
Curieusement, pour être éliminatoire, le coup sur la tranche doit être vraiment méchant, probablement parce que les amateurs voient des avers et des revers, et pas des tranches. Le coup sur la tranche ne doit pas choquer l'œil sur une monnaie vue à plat, sinon, plus de monnaie exceptionnelle.
Bien entendu, le travail des services de garantie est justement de n'emboîter que des monnaies qui ne présentent aucun de ces défauts : les autres ne sont pas emboîtées du tout, même avec un échelon plus bas. On ne mélange pas les torchons avec les serviettes.