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1 franc Bonaparte Premier Consul, Frappe d'épreuve (?) - An XI
N° v10_0038
N° v10_0038 1 franc Bonaparte Premier Consul, Frappe d'épreuve (?) - An XI
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Nom de l'atelier : Paris
Lettre d'atelier : A
Quantité frappée : 231.868 exemplaires
Diamètre en mm : 23 mm
Axe des coins : 6h.
Métal : Argent
Titre en millième : 900°/oo
Poids observé : 4,99 g.
Poids théorique : 5 g.
Tranche : arabesques en creux
AVERSLégende : BONAPARTE - PREMIER CONSUL.
Description : Tête nue de Bonaparte à droite ; signé Tiolier cursif au-dessous
REVERSLégende : RÉPUBLIQUE FRANÇAISE./ AN XI. A.
Description : 1/ FRANC. au centre dans une couronne formée de deux branches d'olivier
Maître d'Atelier : Charles-Pierre de l'Espine (1797-1821) Graveur : Pierre-Joseph Tiolier (1763-1819) Graveur Général : Pierre-Joseph Tiolier (1803-1816)
N° dans les ouvrages de référence : F.200 / 01 - KM/WC.19.649 1
Description état de conservation : La question se pose à nouveau, à l'examen de cet exemplaire, de savoir quel aspect et surtout quelles spécificités technniques avaient les frappes d'épreuve au sortir de la Révolution. Nous savons que ceux qui prirent le pouvoir, les rois une fois abolis, n'eurent de cesse d'imiter leurs devanciers, surtout en matière de prestige et de symboles honorifiques. Il existe des frappes de présentation ou d'hommage de monnaies royales antérieures à la Révolution mais, malgré des efforts soutenus, aucun texte de référence en fixant les caractéristiques n'a jamais été retrouvé dans les archives. Il en est de même pour la période napoléonienne : le mythique 'flan bruni' ne correspond à rien dans les documents d'époque de la Monnaie (le mot bruni n'y fait référence qu'à des dorures de meubles) et on ne voit apparaître de descriptions utilisant le terme qu'à partir de Victor Guilloteau. Même le grand Dewamin n'en fait pas mention. S'agirait-il d'un cas identique à celui des fameux 'écus aux lauriers', invention de numismates professionnels au siècle dernier, et qui portent des branches d'olivier ? Pourquoi cet exemplaire fait-il irrésistiblement penser à une frappe d'épreuve ? La qualité de la frappe, tout d'abord : parfaite. Quand on sait le pauvre matériel dont disposaient les ouvriers monétaires, déjà chichement pourvus sous la royauté par leurs fermiers, après dix ans des pires troubles imaginables, dans la vacuité des pouvoirs et le vide des finances publiques, une frappe parfaite était à elle seul une performance nécessitant attention et soins. Notre exemplaire présente un grènetis parfaitement régulier, tous les détails sont rendus, aucune fraction de millimètre ne manque à l'expression des détails les plus exigus des coins, La qualité des deux coins, qui sont à fleur, n'est pas non plus 'normale' : des coins sont faits pour s'user.... cette monnaie ne présente pas le moindre soupçon de velours qui laisserait penser qu'elle n'est l'une des premières fabriquées de cette paire de coins. Les coins sont tellement à fleur que l'on compte les plumes de la queue du coq de De l'Espine... Les flans sont tellement brillants que l'on ne peut que penser à un poli particulier avant la frappe ; les lignes de celui-ci sont presque invisibles. Serait-ce là le fameux passage au 'brunissoir', outil de bijoutier servant à polir les surfaces métallique ? La tranche a été faite avec un soin particulier et l'on n'y trouve pas trace de ces redoublements ou superpositions si fréquents lorsque les flans étaient passés à la machine de Castaing sans que l'on se préoccupa de les arrêter exactement à l'endroit voulu pour marquer la tranche en précisément deux fois 180°. Le millésime peut aussi faire penser à une frappe particulière : si de telles frappes existèrent pour ce type, il semble logique qu'elles aient été faites en l'An XI, première année de frappe, et celle de notre monnaie. Dernier point, mais qui est aussi important que les autres : cette monnaie est parvenue jusqu'à nous dans un état de conservation sublime. Pourquoi, à l'époque, fut-elle préservée sans jamais circuler ? N'était-ce justement parce qu'il s'agissait d'une frappe spéciale, d'une monnaie offerte à l'occasion d'une visite d'un officiel, peut-être d'une monnaie présentée à une commission, voire à l'empereur ? Autre remarque passionnante que nous permet cette monnaie, elle porte aussi, comme les N° 19 et 20 de la Collection Alain Davis, de petites marques presque invisibles exactement sur la pointe de la césure du cou, ce qui confirme l'existence d'un marquage probablement d'authentification des coins des monnaies divisionnaires en argent au début du Franc Germinal. Les techniques de marquage élaborées à l'époque pour décourager les faussaires faisaient d'ailleurs, dans d'autres domaines, souvent appel à des 'marques invisibles' qui pouvaient être prises pour des erreurs innocentes. Les billets de la Banque d'Angleterre, que Napoléon tenta fébrilement à cette époque de falsifier à grande échelle, portaient des marques de sécurité qui pouvaient passer pour des bavures d'imprimerie mais devaient correspondre à une série bien précise. La comparaison de la "bavure d'imprimerie" et du numéro de série indiquait immédiatement si le billet était authentique ou non, une tache précise à un endroit précis devant correspondre à une série bien précise. Il est intéressant de remarquer que pour les monnaies de Tiolier, la "bavure" est en creux, donc en relief dans le coin, et est faite pour ressembler à un petit choc innocent aux yeux du faussaire qui, bien entendu, n'aurait jamais l'idée de copier une rayure, démontrant ainsi la forgerie. Nous espérons qu'un Ami du Franc confirmera cette théorie en recherchant systématiquement ces émissions et en relevant en macro-photographie les "petites rayures" à la pointe des bustes et en vérifiant qu'il en existe sur tous les coins concernés. Sur la question des "marquages", on remarque aussi au revers de cette monnaie un accent très net et franc sous le P de RÉPUBLIQUE : un "point secret" ? Tous les superlatifs les plus dithyrambiques pouvant s'appliquer à la fabrication, à l'impact visuel et à l'état de conservation de cette monnaie, nous allons nous limiter à l'examen à la loupe. Légère faiblesse de la surface d'origine sur quelques cheveux, quelques discrètes traces de cheveux dans le brillant des champs, apparemment des restes d'ajustage (très fréquents sur les monnaies de ce type) dans les cheveux, trop difficiles à voir, même à la loupe x10 pour en décider, traces d'ajustage très superficielles sur le nœud du ruban de revers. Bref, le plus bel exemplaire répertorié dont nous espérons qu'une découverte en archive permettra de le confirmer comme frappe d'épreuve.
Rareté : RÉtat de conservation :SPL Prix de départ3 000 F.F. Prix d'estimation6 500 F.F.
Échelon de qualité : 64
Commentaires à propos de cet exemplaire :
Cet exemplaire est celui de la Collection Idéale. Il illustre le type dans le FRANC III en couleurs. Plus bel exemplaire répertorié dans la Collection Idéale pour le type.

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