1073. Denier, c. 920-950, Neustrie, Quentovic, (Argent, 21,5 mm, 3 h, 1,28 g), (titre : +950 ‰).
A/+ GRAT[IA D-]I REX, (légende commençant à 9 heures). (Charles, roi par la grâce de Dieu). Monogramme carolin (HAROLVS).
R/+ QVVENTOVVICI. (Quentovic). Croix cantonnée aux 2 et 3 d'un besant.
Exemplaire sur flan large. Faiblesse de frappe à 3 heures et 9 heures.
G. - - P. 199 var. - MG. 723 var. - MEC.1 998 - N. 180C

RR. TB+

Prix de départ/Opening bid 950 F.F.

Prix d'estimation/Estimate 1500 F.F.

Le monogramme avec un K en forme de H se rencontre déjà sur des monnaies du trésor de Glisy enfoui sous Eudes ou peu après. Le poids léger et le style de notre exemplaire indiquent qu'il s'agit d'un denier immobilisé au nom de Charles le Chauve et frappé au Xe siècle.
Quentovic était un port très important sur la Canche (Pas-de-Calais). Un monnayage y est attesté dès l'époque mérovingienne, voir l'article de Jean Lafaurie sur Vvic in pontio : les monnaies mérovingiennes de Vvicus, RN.1996, p.181-239, pl.29-32, en particulier les pages 182-191 sur la situation du port qui, d'après l'auteur, se serait trouvé non loin de Montreuil en face d'Étaples. L'atelier de Quentovic frappa encore au Xe siècle des monnaies immobilisées au nom de Charles le Chauve.

1074. Denier, type 'au fronton', c. 960-980, Rouen, (DA/RB), (Argent, 20 mm, 6 h, 1,22 g).
A/+ RICARDVSI. (Richard). Croix cantonnée de quatre besants.
R/ROTOMAGVS. (Rouen). Temple composé d'un fronton pointé sommé d'une croisette coupant la légende en haut, portant un sautoir en cour cantonné de quatre besants, le tout posé sur un trait.
Flan très large et bien centré.
Bd. 345 - PA. 113 et 157 (3/20 ou 6/1) - Fécamp 773-2669 - L. 192

SUP

Prix de départ/Opening bid 950 F.F.

Prix d'estimation/Estimate 1500 F.F.

Exemplaire provenant du trésor de Fécamp.
Cette série a été largement étudiée par Françoise Dumas dans son ouvrage sur le Trésor de Fécamp. Le revers est une déformation du temple carolingien dont les colonnes ont été remplacées par un X et dont les degrés du temple sont réduits à un simple trait. Il existe un groupe avec un point dans le fronton, comme sur notre exemplaire, un autre sans point dans le fronton. Le trésor de Fécamp contenait 2363 deniers au fronton pointé dont 1441 exemplaires ont fait l'objet d'une étude par coin : sur ces 1441 monnaies F. Dumas a recensé 245 coins de droit et 90 coins de revers indiquant que techniquement le droit, portant le nom du duc, était en fait gravé sur le coin mobile, donc le coin de revers.
Après cinquante ans de dévastations sur l'ensemble de la Gaule, depuis la seconde partie du règne de Charles le Chauve, Charles III le Simple céda à Rollon, par le traité de Saint-Clair-sur-Epte, la région qui devait prendre le nom de Normandie. Guillaume Longue Épée (927-942) fut le premier duc. Son fils mineur, Richard, lui succéda. Il dut faire face à l'invasion de Louis IV d'Outremer qui fut battu par les Danois (943-945). Le monnayage de Richard est mieux connu depuis la découverte et l'inventaire du trésor de Fécamp qui contenait 3.259 pièces de Rouen.

1075. Denier, c. 980-1000, Chartres, (Argent, 21 mm, 7 h, 1,36 g).
A/Anépigraphe. Tête bléso-chartraine à droite, la bouche composée de trois barres triangulaires, un besant devant le nez, un besant à gauche, un besant en cour.
R/+ CARTIS CIVITAS. (Cité de Chartres). Croix.
Bel exemplaire sur un flan régulier et très large. Flan légèrement taché au droit et au revers. Poids lourd.
Bd. 204 (3 f.) - PA. 1731 (34/2) - L. 887

R. TTB

Prix de départ/Opening bid 450 F.F.

Prix d'estimation/Estimate 750 F.F.

Ce type de denier est donné par Legros à Thibaut II (996-1004). Ces monnaies se rencontrent dans plusieurs trésors : trésor de Troyes (Dy.I/362 bis), enfoui au début du XIe siècle et qui contenait un denier de Chartres ; trésor de Saint-Hilaire (Essonne), (Dy.I/307), enfoui entre 1040 et 1060 et qui contenait neuf deniers de Chartres ; trésor de Vernou (Vernon dans le Loir-et-Cher), (Dy.I/372), enfoui entre 1060 et 1108 avec, lui aussi, neuf deniers de Chartres. Une attribution à Eudes Ier semble préférable.
Eudes Ier, comte de Blois et de Chartres, succéda à Thibaut Ier le Tricheur (957/960-975/978). Il s'empara du comté de Dreux et dut lutter contre Hugues Capet. À sa mort, son héritage fut divisé entre ses fils Thibaut II (996-1004), comte de Chartres et Eudes II, comte de Blois (996-1004), puis de Chartres (1004-1037).

1076. Denier, c. 987-996, Beauvais, (Argent, 22,5 mm, 3 h, 1,24 g).
A/HERVEVS HVGO REX, (H et E liés et V et E liés). (Hervé, Hugues roi). Croix cantonnée aux 1 et 4 d'un besant.
R/BELVACVS CIVITAS. (Cité de Beauvais). Monogramme carolin (KAROLVS).
Flan très large mais irrégulier. Faiblesses de frappe au niveau des légendes.
C. 12-13 - L. 6 - Dy. 1

RR. TB+

Prix de départ/Opening bid 1500 F.F.

Prix d'estimation/Estimate 2200 F.F.

L'ensemble du monnayage d'Hugues Capet n'est constitué que de deniers de Beauvais et Laon et d'oboles qui ne sont connues que pour Beauvais. Ces monnaies sont souvent mal frappées. Monnaie rare et recherchée.
Après la mort de Louis V le 22 mai 987, Hugues Capet, fils de Hugues le Grand, fut proclamé roi à Senlis le 1er juillet 987 et sacré le 3 juillet. Il associa immédiatement son fils Robert au trône en le faisant couronner à Orléans à la Noël 987. Le monnayage de Beauvais fut fabriqué en association avec l'évêque Hervé, en charge de Beauvais de 987 à 998. Hugues mourut le 24 octobre 996.

1077. Denier, c. 950-980, Angoulême, (Argent, 21 mm, 4 h, 1,24 g), (poids théorique 1,359 g, taille 1/360 L.).
A/+ LODOICVS. (Louis). Croix.
R/+ EGOLISSIME, (S rétrogrades). (Angoulême). Croix cantonnée de quatre annelets.
Monnaie sur un flan très large laissant apparaître la plus grande partie du grènetis extérieur. La croix du revers apparaît en négatif au droit. Patine de collection de couleur grise.
Bd. 445 var. - PA. 2664 var. (57/2) - C. - p.146-147 - Fécamp 8423

R. TTB

Prix de départ/Opening bid 950 F.F.

Prix d'estimation/Estimate 1500 F.F.

Nous sommes en présence de l'une des premières monnaies féodales d'Angoulême. Le flan est très large et le poids lourd (1,24 g) n'ont rien à voir avec ceux des monnaies du début du XIe siècle. Ce type se rencontrant dans le trésor de Fécamp (cinq exemplaires), la frappe commence avant 980, date de l'enfouissement du trésor. Les monnaies d'Angoulême contenues dans le trésor de Fécamp, de poids encore plus lourds que celui de notre exemplaire, ont été frappées du vivant de Louis IV d'Outremer (936-954) ou peu après. Le nom de Louis sera conservé sur les espèces frappées à Angoulême jusqu'au XIIe siècle.
D'après F. Dumas, les comtes d'Angoulême dépendaient des comtes de Poitiers comme les vicomtes de Limoges. Guillaume d'Étoupe (932-963) ou Guillaume II (963-990) furent comtes de Poitiers à la fin du Xe siècle. Deux Arnaud se succédèrent à la tête du comté dans la seconde moitié du Xe siècle : Arnaud Bouration et Arnaud Manzer qui étaient, en outre, comtes de Périgord.

1078. Denier, c. 1022-1028, Nogent-le-roi, (Argent, 22 mm, 11 h, 1,23 g).
A/I[..]ENCIVS EPIS. (Roger, évêque (légende dégénérée)). Façade d'église sommée d'une croisette posée sur un besant et coupant la légende à 12 heures.
R/+ TSICENTE CAS. (Château de Nogent (légende dégénérée)). Croix.
Flan large avec deux petits manques de métal à 6 et 7 heures. Points d'oxydation superficiels au revers. Frappe bien venue au niveau de l'église dont la base, constituée de cinq arcades, est très nette.
Bd. - - PA. - - C. - - L. 132-134 var.

RRR. TTB

Prix de départ/Opening bid 1800 F.F.

Prix d'estimation/Estimate 2800 F.F.

Le monnayage de Nogent-Le-Roi est un monnayage rare et de ce fait est assez mal connu. Seuls deux trésors mentionnés dans l'ouvrage de Jean Duplessy contenaient des monnaies de la période d'Odolric et d'Isembard : Verneuil-sur-Avre (Eure) et Saumur (Maine-et-Loire) ; nous ne connaissons malheureusement pas le contenu précis de ces trésors étudiés au XIXe siècle. Pour Daniel Legros, il faut voir dans la légende du droit le nom dégénéré de Roger, évêque de Beauvais (c.1002-1022), oncle d'Oldoric, évêque d'Orléans, et d'Isembard de Broyes. D. Legros classe les monnaies avec le nom lisible de Roger (ROGERVS) au vivant de Roger de Beauvais et celles avec un nom dégénéré à ses neveux, Odolric et Isembard de Broyes.
Isembard (écrit parfois Isambard) était le frère d'Oldoric, évêque d'Orléans et neveu de l'évêque de Beauvais, Roger. Isembard succéda à son frère et fit restaurer le château de Nogent. Caron nous indique que Nogent porta provisoirement le nom de 'Nogent l'Erambert' non déformé d'Isembard. Son fils, Hugues Bardoul, mentionné dans une charte de 1028, succéda à son père à une date inconnue. Hugues hérita des seigneuries de Nogent et de Pithiviers. C'est dans le château de cette dernière qu'il soutint pendant deux ans un siège contre le roi de France Henri Ier (1031-1060). Il finit par se rendre en 1044 et fut alors, semble-t-il, dépouillé de ses fiefs.

1079. Denier, c. 1000-1050, Melle, (Argent, 21 mm, 4 h, 1,20 g).
A/+ CARLVS RE+ O, (légende commençant à 1 heure, S rétrograde). (Charles, roi). Croix.
R/MET/ALO. (Melle). En deux lignes dans le champ, un besant au-dessus, un au centre et un au-dessous.
Exemplaire sur un flan large dont l'essentiel du grènetis extérieur à visible. Frappe bien venue au droit et au revers.
Bd. 2463 - PA. 2463 - C. 201 (9/5)

R. SUP

Prix de départ/Opening bid 650 F.F.

Prix d'estimation/Estimate 950 F.F.

Notre exemplaire, d'un poids un peu plus léger que ceux des deniers de Fécamp, a certainement été frappé durant la première moitié du Xe siècle.
Les monnaies avec la légende bi-linéraire MET/ALO apparaissent durant la première moitié du Xe siècle puisqu'elles se rencontrent déjà dans la trouvaille de Javarzay enfouie vers 950. D'après Françoise Dumas, les deniers de Melle se chargeraient vers 955-960 de croisettes ou de besants comme sur notre exemplaire. Ce type monétaire sera immobilisé et toujours employé au XIIe siècle.
Au Xe siècle, l'atelier de Melle appartenait aux comtes de Poitiers. Cet atelier, situé à proximité d'une mine d'argent plombifère (toujours visitable), est l'un des rares mentionnés dans l'édit de Pistre. À partir de 877, l'atelier de Melle continua de frapper des deniers et des oboles au nom du défunt roi Charles II dit 'le Chauve'. Melle fut un atelier actif jusqu'au milieu du XIIe siècle, période vers laquelle toute activité cessa, certainement en raison d'une pénurie de bois indispensable à l'extraction du minerai et aux opérations de fonte.

1080. Denier immobilisé au nom de Louis IV, c. 1000-1050, Bourgogne, Nevers, (Argent, 20,5 mm, 4 h, 1,08 g), (titre : +900 ‰).
A/+ LVDOVICVS E, (S rétrograde). (Louis, roi). Monogramme REX déformé constitué d'une faucille (R), d'une haste associée à trois points (E) et d'une croisette (X).
R/+ IIIVERNIS CIVT (S rétrograde). (Cité de Nevers). Croix.
Bel exemplaire de style carolingien fortement dégénéré. Petit manque de métal à 11 heures. Haut relief au droit et au revers.
Bd. 340 var. - PA. 2110 (46/11)

TTB

Prix de départ/Opening bid 450 F.F.

Prix d'estimation/Estimate 650 F.F.

Notre exemplaire, d'un poids assez léger (1,08 g) a vraisemblablement été frappé entre 1000 et 1050.
Ce type de denier est souvent mal classé : soit aux Carolingiens dont il est une copie dégénérée, soit dans les monnaies féodales où il figure parfois comme un prototype du monnayage nivernais. Au départ, monnaie d'essence carolingienne, le type fut immobilisé, puis imité pendant presque deux siècles en gardant le nom de Louis IV d'Outremer. Le monnayage féodal de Nevers semble bien débuter à la fin du Xe siècle d'après l'étude du trésor de Fécamp enfoui vers 980.
Fils de Charles III le Simple, né en 921, Louis IV est sous la férule d'Hugues le Grand, duc d'Île-de-France (936-954), véritable détenteur du pouvoir. Louis meurt deux ans avant son rival. Nevers ne faisait normalement pas partie du domaine royal et s'est émancipé dès la fin du Xe siècle au moment où Hugues Capet devient roi de France. Otte Guillaume (987-992) devint le premier comte de Bourgogne et lutta contre les deux premiers rois capétiens. On pensait que c'était le comte qui avait imité le type de Louis IV.